Le groupe de luxe LVMH place ses billes chez le spécialiste des doudounes Moncler

Le groupe de luxe LVMH place ses billes chez le spécialiste des doudounes Moncler

Le groupe français a pris une participation de 10% dans la holding de Remo Ruffini, le PDG de Moncler, qui possède elle-même 15,8% dans la société. Une façon pour LVMH de renforcer ses liens avec la société cotée à Milan et de placer son cash sur une entreprise de qualité. En attendant autre chose?

Jeune société en Bourse (elle s'était introduite en 2013 à Milan), Moncler est perçue comme une entreprise de très grande qualité par les analystes et le marché. Le spécialiste des doudounes de luxe est d'ailleurs la seule valeur de son secteur (avec Prada) que la banque HSBC recommande actuellement d'acheter.


Néanmoins, Moncler n'est pas totalement immune au ralentissement de la demande que connaît actuellement le luxe. A la clôture de jeudi, l'action Moncler perdait 6,5% sur l'ensemble de 2024.

Ce léger trou d'air n'a probablement pas échappé à LVMH et à son PDG, Bernard Arnault, qui est entré indirectement au capital de la société transalpine.

Le numéro un français du luxe a pris une participation de 10% dans "Double R", la holding de Remo Ruffini, le PDG de Moncler, qui avait repris la marque en 2003.

Montée au capital
Les termes noués entre "Double R" et LVMH prévoient que la holding de Remo Ruffini augmentera sa participation dans Moncler jusqu'à 18,5% en rachetant des actions sur une période d'environ 18 mois.

"Le financement de ces achats sera assuré par LVMH qui augmentera sa participation dans Double R jusqu'à un maximum d'environ 22%", a indiqué Moncler dans un communiqué.


Sur le volet de la gouvernance, cet accord donne le droit à LVMH de nommer deux membres au conseil d'administration de "Double R" et un membre à celui de Moncler.

A la Bourse de Milan, l'action Moncler prend 8,5% à la suite de ces informations tandis que LVMH avance de 2,4% à Paris. L'ensemble du secteur du luxe progresse, encore porté par la volonté de la Chine de mettre les grands moyens pour tenir son objectif de croissance de 5% cette année.


"Cette opération donne à Remo Ruffini l'occasion d'accroître son contrôle sur Moncler et de renforcer sa position de principal actionnaire de Moncler, qui a récemment été diluée par des investisseurs (...) qui se sont retirés partiellement ou totalement de Double R et qui ont été payés en actions Moncler", note Royal Bank of Canada.

"Du point de vue de LVMH, nous considérons que cette opération est opportune compte tenu de la faiblesse actuelle du secteur du luxe, qui se traduit par une baisse des valorisations des actions (par exemple, la valeur d'entreprise de Moncler est de 13 milliards d'euros et ses actions ont baissé d'environ 30 % au cours des six derniers mois)", poursuit la banque canadienne.

Faire "un coup"?
"En l'absence de rachat d'actions par LVMH (en raison de l'incertitude liée au traitement fiscal français), et en l'absence de cibles de rachat suffisamment importantes et crédibles, nous considérons les investissements minoritaires dans des groupes déjà établis comme la meilleure alternative pour l'utilisation des liquidités excédentaires" du groupe, décortique Royal Bank of Canada.

Un analyste estime que LVMH et Bernard Arnault peuvent "vouloir faire un coup boursier" en se positionnant sur Moncler, et tirer ainsi parti d'une potentielle remontée du cours.


Mais ce n'est peut-être pas tout. "LVMH peut aussi, via cet investissement, vouloir voir de l'intérieur ce qui se passe chez Moncler et éventuellement appliquer ses propres recettes", ajoute cet analyste.

"LVMH peut aussi se dire qu'il y a quelque chose à faire chez Moncler, pas à court terme mais à plus long terme. A l'heure actuelle, la société n'est pas à vendre car la direction n'est pas vendeuse. Mais si dans quelques années, il pouvait y avoir une opportunité de rachat, LVMH serait déjà mieux placé que d'autres prétendants pour prendre le contrôle de cette entreprise d'excellente qualité', souligne-t-il.

"Il faut bien voir que Moncler est une véritable entreprise de luxe, avec notamment un parcours client très particulier, unique", ajoute-t-il.

En juillet, Bernard Arnault avait confirmé à la chaîne américaine CNBC avoir pris personnellement une participation "très mineure" au sein d'un autre groupe de luxe, le suisse Richemont. Le dirigeant avait alors assuré vouloir respecter l'indépendance de Richemont.


Après, une prise de participation ne signifie pas que LVMH rachète in fine l'entreprise pour autant. Le groupe de luxe était monté jusqu'à 10% de la société italienne spécialisée dans les bottines et les mocassins Tod's mais ne l'a jamais acquis pour autant. Tod's est d'ailleurs sorti de la Bourse au printemps dernier.

Du côté de Moncler, des informations de Bloomberg datant de 2019 rapportaient que Kering avait pris langue avec la société italienne en vue d'un potentiel rachat qui n'a donc pas abouti.

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